En début de confinement j’ai proposé un espace d’expression, de témoignage à celles et ceux qui le souhaitaient. Je ressentais que d’une situation d’impuissance, l’expression de l’intime pouvait devenir le lieu d’une résistance réparatrice. Un journal collectif, et pourquoi pas?
J’ai vu passer des projets nommés de manières inspirantes : Journal de bord, Journal d’épidémie, Journal de guerre.
Des espaces loin de toute complaisance que l’on attribue parfois au Journal intime, et pire encore au Journal de confinement provenant d’auteurs privilégiés, qui a fait hérisser bien des poils.
La création d’un journal collectif
L’espace que je voulais ouvrir, je l’ai appelé « Journal Collectif ». Le terme même peut sembler antinomique. Comment un journal pourrait-il être collectif alors qu’il relève d’une expression personnelle ?
Cette expression de l’intime ne revient pas uniquement à raconter son histoire personnelle, mais aussi à participer à une humanité commune, à créer du lien.
Et pourquoi pas une forme émergente d’expression que serait le Journal collectif ?
Un renouvellement
Il renouvelle la fonction de résistance qui a marqué l’histoire du genre : journal de guerre, d’incarcération, quête de sens, journal qui relate un parcours d’évolution, car les voix qui ressentent le besoin d’exprimer leurs expériences, leurs ressentis, leurs pensées sont autant celles des personnes qui ont traversé la maladie que celles des gens qui en ont été préservés.
Il renouvelle la forme connue avec l’écriture seule par des pages mixtes s’autorisant des écritures tant narratives que poétiques, des dessins, des peintures, et même des collages. Se mêlent les pages de femmes, de quelques hommes, de jeunes ; d’autrices et de soignants, d’artistes et de thérapeutes, de mères, de grands-mères, de responsable d’entreprise, d’enseignantes…
L’expression réagit face à la limitation de nos libertés: il s’agit de retrouver du sens là où nous avons l’impression qu’il a disparu, pour affirmer notre voix tout en ralliant une expérience universelle et ce, malgré les écarts de vécu.
Les pages qui m’ont été envoyées sont presque toutes signées d’une plume de femme. Tirez en les conclusions que vous voulez.
#laplumedesama